Aujourd’hui, le yoga est souvent associé aux postures (âsanas), perçues comme dynamiques et parfois acrobatiques. Pourtant, cette dimension physique est relativement récente dans l’histoire du yoga.
À l’origine, le yoga était une pratique d’immobilité destinée à la méditation. Le terme âsana désignait avant tout une posture assise stable et confortable, permettant la respiration, la visualisation et l’atteinte d’états méditatifs profonds. La racine sanskrite « ās » signifie d’ailleurs « s’asseoir ». Il ne s’agissait donc ni d’enchaînements dynamiques ni de postures complexes.

Ce n’est qu’au début du 2ᵉ millénaire, avec l’essor du Hatha yoga, que l’on voit apparaître des postures qui ne sont plus exclusivement méditatives. Les premières décrites sont la posture du paon (Mayurâsana) et celle du coq (Kukkutâsana), sans être encore considérées comme essentielles au yoga. Ce n’est qu’au 15ᵉ siècle, avec la Hatha Pradipika, que l’on recense sept âsanas non méditatifs, intégrés au Hatha yoga pour renforcer le corps et faciliter la méditation prolongée.
L’évolution s’accélère à partir du 18ᵉ siècle avec l’apparition de séquences dynamiques où les postures s’enchaînent, marquant un tournant dans la pratique. Aux 19ᵉ et 20ᵉ siècles, la montée du nationalisme indien et l’influence des pratiques physiques occidentales (gymnastique suédoise, bodybuilding, gymnastiques féminines) contribuent à la transformation du yoga. D’abord marginal et mal vu, le Hatha yoga est réhabilité et devient un symbole de vitalité et d’identité culturelle en Inde.
Ce courant du « yoga postural moderne » se développe et s’exporte à travers le monde. Aujourd’hui, la pratique continue d’évoluer sous l’influence de disciplines variées (mobilité, fitness, danse, somatiques, etc.), s’éloignant toujours plus de sa fonction première.
Ainsi, notre pratique contemporaine diffère de celle des premiers yogis, mais elle reste le fruit d’une longue évolution. Que les postures soient millénaires ou récentes, leur impact bénéfique demeure.