
Hello cher yogi curieux !
Comme promis, je t’ai préparé un petit récit pour te raconter mes 3 jours et demi de méditation en silence au centre Hridaya.
Je ne sais pas ce que j’étais venue chercher, Sûrement un peu de calme et de répit après toutes les tempêtes traversées en 2024, et celles qui nous attendent encore.
Je n’avais pas particulièrement d’attente, ce n’était ni un challenge, encore moins un défi. Je n’avais pas non plus de questions existentielles pour lesquelles j’avais impérativement besoin de réponse.
Des questions pros oui évidemment, je m’en pose sans cesse mais je savais déjà que ce n’était pas lors d’une apparition mystique que j’obtiendrai les réponses.
Ah si ! Je trouvais ça chouette de pouvoir me ressourcer avant l’arrivée de mon bébé, j’ai proposé à Clémence, ma grande amie, marraine de mon fils, femme de ma vie toussa toussa, de m’accompagner. Aucune hésitation de son côté, étant institutrice en maternelle, elle avait elle aussi, grand besoin de silence.
Nous avons réservé de manière très spontanée, sans trop y réfléchir, notre retraite de méditation de 4 jours du 16 au 20 avril 2025, au centre Hridaya dans le Beaujolais. Je ne m’attendais tellement à rien, que je n’avais même pas jeté un œil au programme.La seule chose que je savais c’est qu’on n’avait quasiment rien le droit de faire, à part suivre strictement le planning et manger.
Pour te donner un peu de contexte et répondre aux questions reçues, nous avons payé 360€ pour 4 nuits en chambre duo et la pension complète, les méditations et les conférences, dans un cadre magnifique, celui du château de Longeval. Le centre est majoritairement géré par des bénévoles, les Karma yogis, entièrement dévoués à la gestion du château et de ses hôtes, de manière désintéressée.
Clémence m’a rejointe la veille à la maison, que nous ayons le temps de discuter avant de partir pour Mauna, le silence sacré sans que nous ne soyons frustrées de ne pas pouvoir tout nous raconter. Nous nous promettons de jouer le jeu et d’aller jusqu’au bout même en partageant la même chambre. On ne trichera pas, on n’apporte donc aucun livre, pas d’aquarelle, on n’embarque aucune distraction possible, seulement quelques snacks (ah et les sacs de maternité : on sait jamais et Clémence ne voulait vraiment pas partir sans. Elle était un peu tiraillée : si j’accouche en retraite ce serait la meilleure anecdote de notre vie et en même temps on a bien envie de profiter de ces 3 jours de silence)
Nous sommes arrivées sur place la veille, mercredi soir donc, avons été super bien accueillies. Une chaise m’était réservée d’office pour que je sois plus confortable dans mes méditations.
Nous nous installons dans notre chambre, tout est minimaliste mais hyper confortable.
Rappel des consignes :
- Il n’y a pas de miroir, ils sont tous occultés, même les miroirs personnels doivent être rangés pour être tournés vers l’intérieur.
- Les hommes et les femmes sont séparés sur les moments de méditations et de repas.
- Mauna, le silence sacré doit être strictement maintenu en toute circonstance (nous avons la possibilité de communiquer avec les animateur via des boites à questions via des morceaux de papiers)
- Une attitude solitaire doit être adoptée, on évite les regards ou tout type de contact.
- La présence est obligatoire pendant tout le programme à chaque méditation et temps d’enseignement.
- Les téléphones, écrans et tout objet électronique sont interdits.
- Il n’est pas autorisé de lire, dessiner, écouter de la musique, faire du sport.
- Les repas sont pris à heures fixes, véganes et sans gluten.
Sont possibles le journaling et la prise de notes pendant les enseignements, ainsi que la marche à pied.
Voici le programme :
- Réveil 6h30 par un gong
- Première méditation à 7h, puis pause de 10 minutes, seconde méditation à 8h
- Pause petit déjeuner léger, majoritairement porridge sans gluten avec des fruits
- Conférences et enseignement dès 10h puis Hatha Yoga à 11H15, courte méditation jusqu’à 13h
- 13h-16H Déjeuner et pause
- 16h-18h30 méditation
- Le diner est servi à 18h30
- Retour à 19h30 pour un temps d’enseignements, de questions réponses (préalablement écrites sur un papier pour ne pas parler) et méditation finale pour être libérés délivrés à 21h30
La retraite est animée par deux maitres, assez jeunes Rio et Hadi vêtus de blancs, ils trônent sur un banc, en position ascendante et leur assistante Manon (pourtant diplômée et ultra expérimentée) assise par terre à leur droite (oui oui la féministe que je suis vois bien des symboliques partout, sorry).
Après ce rappel des consignes et une courte visite des lieux, nous prenons notre premier diner en silence, et retournons à la méditation pour démarrer officiellement la retraite.
Nous ouvrons avec un très court mot de chaque participant, son prénom, d’où il vient et ce qu’il est venu chercher. Puis, Mauna démarre officiellement.
Nous partons nous coucher à 21h30 et contre toute attente, nous dormons super bien, j’avais peur de cogiter mais pas du tout, on s’endort facilement.

Nous sommes jeudi.
Je ne m’attendais à rien, je ne m’étais rien imaginé, tant mieux. Il pleut des cordes.
Les douleurs liées à ma grossesses (dans les sacro iliaques, lombaires et tendinites des moyens fessiers, oui oui c’est pas mal) ne m’ont laissé aucun répit. Ni cette nuit, ni pendant la première méditation. J’essaye de faire en sorte qu’elles ne prennent pas toute la place, de ne pas les rendre omniprésentes au point de ne pas réussir à vivre ce qu’il y a à vivre dans cette expérience. Je tiens au mental alors que je suis sensée le lâcher, paradoxal.
Je ne vous refais pas le programme, vous l’avez juste en haut.
J’ai aimé la première technique de méditation, une méditation Bouddhiste comptée, on compte chaque respiration en multiples de 7, elle m’a aidée à ne pas penser à la douleur. J’ai compté, compté, compté jusqu’à oublier de compter.
Après le petit déjeuner, nous assistons à la première conférence qui porte sur le principe tantrique de non-dualité. C’est un enseignement ascendant, de maitre à élève sans possibilité d’échange. Voici ce qu’on nous enseigne :
1- Il y a une réalité suprême, Brahman, Dieu, la Conscience, le Tao
Avoir la capacité de s’ouvrir à quelque chose qui n’est pas séparé de nous, à l’intérieur, qui est au-delà du mental et de l’image de nous-même, du rationnel, de la raison.
On s’ouvre au fait que tout n’est pas que matière.
2- Quelle est la nature de Brahman ?
La nature de soi, la réalité suprême.
Commencer à reconnaitre quelque chose de plus subtil.
Un paix qui va au-delà de toute compréhension, ce qui vient à travers nos yeux mais qui ne peut être vu.
3- Je trouve l’essence de moi-même, de mon être : l’Atman
Invisible et intime, je me connecte avec moi-même et l’obsession du mental disparait.
L’expérience de moi-même reste incomplète, si toutes mes actions sont basées sur le fait que je pense que je ne suis pas assez. Faire le vide de l’égo. Reconnaitre ce que l’on est.
4- Comprendre la direction et l’intention de mon âme (Birth right)
La reconnaissance complète de ce que l’on est, entrer en religion avec l’être humain en soi.
L’expression de l’exploration de sa propre conscience et connaitre ses qualités naturelles.
5- Quand on reconnaît son essence, son Atman, on devient alors Brahman
A force de pratique, de sagesse, de redirection envers nous-même, je reconnais que mon individualité humaine fait partie d’un tout, de l’amour inconditionnel.
On apprend ensuite que la cause primaire de la souffrance est la relation avec mes pensées.
Il n’y a rien d’extérieur dont je suis vraiment dépendant car je suis déjà complet et libre.
La souffrance est liée au fait que je ne sais pas ce que je suis, qui suis-je ?
La deuxième cause de souffrance est la sensation de séparation avec le monde et le divin par l’attachement et la résistance.
La résistance crée la peur ainsi le, « Qui suis-je ? » sera donc le fil rouge, non pas le fil rouge, le leitmotiv de l’école Hridaya, et l’objet de toutes nos méditations afin de pouvoir entrer en contact avec le divin. On utilise la méditation pour se rendre compte de qui on est vraiment
Il faut observer les objets de conscience, je donne de l’espace et je n’ai plus peur de ce qui se passe en moi. Explorer les profondeurs de la conscience. On contemple, on entre à l’intérieur de soit même.
Le cadre est posé.

Alors, c’est un peu long et assez décousu. Je vous ai peut-être même perdu à l’heure qu’il est (et encore, j’ai résumé 90 minutes d’enseignement de messe). J’ai étudié modestement l’époque du Tantra, j’arrivai à peu près à suivre et à m’y retrouver mais je me demandais comment le tout-venant pouvait emmagasiner toutes ces informations sans élément de contexte dans l’histoire du Yoga.
Bon, cela m’a fait une bonne révision et rappeler aussi un peu, ce qu’est le Yoga.
Les 75 minutes de Hatha Yoga qui suivirent ont clairement été les bienvenues, je disposais d’une fiche d’asanas dédiés à la femme enceinte du 3e trimestre avec un petit mot me disant de ne pas forcer.
On a fait je crois, 7 postures qui ne nécessitaient aucune adaptation me concernant, sauf pour le cobra. C’est passé très vite, j’étais si heureuse de « bouger » (bah oui 7 postures en 75 minutes, vous imaginez bien que c’était hyper slow).
La pratique était accompagnée de consignes énergétiques, guidées par l’activation des chakras. J’essaye d’être à l’écoute, je joue le jeu. C’est le Hatha Yoga selon l’école Hridaya que je qualifierais d’un yin debout, car il faut être vraiment relâché dans les postures tenues bien 5 minutes. Je m’endors en savasana.
À l’approche du déjeuner, j’oscille entre fatigue lourde et assommante, et moments très éveillés. Le silence ne m’est absolument pas difficile, pas du tout même, il est naturel. Les premières heures de detox digitales sont aisées. La nourriture végane et sans gluten est plutôt très bonne mais j’ai toujours ce sentiment de peu mâcher, que cela manque de texture et parfois de goût.
Celles qui me connaissent bien savent mon aversion pour le tofu (ouais, encore plus quand il est bien « bien cuisiné », l’aliment le plus inutile au monde selon moi ahah).
Les journées sont denses, j’ai dormi 1h30 après le déjeuner alors que je ne fais jamais la sieste, je n’ai pas beaucoup d’appétit même si j’ai cette envie de chocolat omniprésente (suis-je un œuf de Pâques ?)
J’ai toujours aussi mal et j’aurais aimé avoir une pause plus longue pour aller marcher et prendre l’air. Je ne ressens aucune anxiété, aucune angoisse, le temps passe même assez vite. Je ne pense pas tant que ça au boulot et quand j’y pense, je souris. C’est très étrange, j’ai vraiment mal physiquement, mais mentalement, c’est facile.
Je n’éprouve aucune difficulté dans le silence, les temps de conférence sont longs et n’apportent donc pas le silence tant recherché. J’ai besoin de plus de temps libre, de temps de rien. Demain j’irai marcher pour visiter la petite chapelle de la sainte vierge restaurée par les bénévoles. Mon corps est douloureux et je dois bien admettre que cela me gâche une bonne partie de l’expérience.
La présence de Clémence me fait du bien. On joue le jeu, on se l’était promis. Mais du coup je me demande si ce n’est pas un peu de la triche quand même, le fait qu’elle soit là. Car même si on ne se parle pas, je ne me sens pas du tout seule. Elle a l’air d’aller.
Je m’interroge énormément sur cette omniprésence du « Je », j’ai rencontré quelques profs de Yoga qui méditaient énormément, et qui ont dédié leur vie au Yoga et qui étaient, à mon sens, devenus totalement égocentrés sur leurs besoins, leur être, à en oublier la communauté où le groupe dans lequel ils évoluaient. Et cela m’a toujours profondément dérangée.
Qui suis-je, ok. Évidemment c’est un outil puissant de savoir qui on est. Mais si cela doit empiéter sur ton cercle social, alors là est ma limite.
Enseignements du soir
Il y a deux types d’attitudes, tendance en méditation, il y a le Rajas qui est l’agitation et le Tamas centré sur l’endormissement, la léthargie, la paresse. Le but est de chercher alors à aller vers Satva, l’harmonie.

Les grands principes de la méditation à Hridaya
1er pointeur : emmener l’attention vers le cœur, le center cœur
Pas l’organe du cœur, mais la région de la poitrine, comme si tout l’être vivait dans la poitrine, avec un sentiment de proximité avec soi et l’environnement. Être à l’intérieur de soi, comme à la maison.
2e pointeur : Prendre conscience des pauses subtiles entre l’inspiration et l’expiration lorsque la respiration devient profonde et calme, en gardant le flow naturel de la respiration.
On se concentre sur les instants de suspension du souffle, pour écouter le silence, la transition, comme un portail pour s’ouvrir à la quiétude de notre être.
3e pointeur : Qui suis-je ? La quête de soi
Laisser tomber les techniques de méditation et s’ouvrir pleinement au mystère de la présence, au-delà de mes attentes. « L’insatisfaction vient du fait de devoir regarder vers l’extérieur pour être comblé ».
L’attitude à adopter:
- Observer les sensations comme pure sensation.
- Être témoin, observer une non-réactivité dans la méditation.
- Le corps est un temple que je dois maintenir en bonne santé.
- Observer Spanda : la vibration de l’être et du coeur.
- Compassion , Humilité.
« Sortir du paradigme de la pensée, percevoir les réalités internes dans un espace de non-effort »
EAvant d’aller dormir, Nous avons également pratiqué une méditation appelée « révocation de la journée » où on devait rétroactivement se remémorer chaque instant de la journée en observant les instants où nous n’avons pas été pleinement présents. En somme, des journées bien rythmée, qui laissent finalement peu de temps à l’ennui ou à la solitude. On est en mode pilote automatique. Les dernières heures, j’ai osé prendre mes aises sur une chaises pour ne pas rester assise par terre, avec une balle de massage.
Je pense beaucoup à Maxime, mon conjoint, à cette connexion que l’on a et qui demeure au-delà du pire. Un peu comme si j’avais arrêté de chercher des raisons de l’aimer (parfois il m’en a fallu hein ^^) mais que j’avais juste ressenti cette connexion précieuse.
Je m’endors comme une masse, en quelques secondes (ce qui n’est pas non plus dans mes habitudes). Merci la déconnexion digitale ?
On se retrouve demain pour un nouvel article relatant mon deuxième jours et ma grosse frayeur !