
Hello day 2,
Il y a un beau soleil aujourd’hui, j’ai très mal au dos, (j’ai l’impression de ne pas être la seule), même si on ne se regarde pas dans les yeux, je ne peux pas m’empêcher d’observer les gens. La méditation de ce matin s’est mieux passée, et le silence est toujours aussi aisé.
Oui j’observe les gens, discrètement, dreadlocks, sarouels, gens pieds nus dans les graviers. Certains s’inclinent devant leur nourriture et le soleil, parfois c’est assez malaisant. Je détonne un peu, enceinte jusqu’au cou avec mes leggings léopards, mes créoles et mes ongles vernis. Je m’interroge à nouveau : quelle est la part de cliché, la part de démonstration du yogi parfait, de la sincérité, cette vraie recherche d’intériorité et de silence, d’être là de manière désintéressée plutôt que de montrer à quel point on est pratiquant jusque dans l’extrême.
Depuis plusieurs années j’ai appris à lâcher prise sur l’organisation personnelle de ma vie, je suis de moins en moins contrôle freak, car j’ai l’impression que cela nous fait passer à côté de belles expériences inattendues et de lâcher prise. J’aime laisser place à la surprise de la vie, moins prévoir.
Et heureusement car si j’avais regardé le programme de cette retraite en détail et que j’avais compris qu’il y avait AUTANT de temps d’enseignements je ne sais pas si j’aurais sauté le pas.
Je n’en peux plus d’être assise.
Bébé bouge beaucoup et il est vraiment de plus en plus gros, ça tire dans l’utérus. Je me suis souvenue à maintes reprises que ce qui m’avait tant aidée à accoucher vite et bien pour Arthur c’était ma faculté à entrer rapidement en méditation. Alors j’essaye de retrouver ça, gérer la douleur, surfer sur elle, par la méditation (oui oui, ça sent la préparation à l’accouchement).
Le petit déjeuner au soleil a fait grand bien, surtout les fruits et la cannelle qui m’ont apporté cette touche sucrée dont je rêvais.
Aujourd’hui, pendant les enseignements, on va se focaliser sur le centre cœur et le Bahkti yoga, l’amour, la dévotion et la compassion.

Le cœur est omniprésent dans toutes les traditions religieuses et mystique.
« La sagesse c’est de savoir que je ne suis rien, l’amour c’est savoir que je suis tout, entre les deux, ma vie s’écoule ».
On nous raconte l’histoire des premiers ascètes chrétiens, les Pères du désert, on en apprend un peu plus sur le soufisme, la branche mystique de l’Islam.
« Si je ne suis pas cette pensée, qui suis-je alors »
Chez Hridaya, on médite dans le cœur :
- Le cœur en tant qu’objet de connaissance et de connexion, d’intimité, de proximité, on entre en absorption dans l’univers, dans la caverne du cœur.
- Le cœur en tant qu’outil d’apprentissage, à faire confiance en son intuition, ouvrir l’œil du cœur. On met le cœur au service de l’intelligence du mental, et le discernement au service du cœur
- Le cœur spirituel
Arrive enfin l’heure de Yoga avec 6 postures seulement. Un court échauffement puis les postures : le palmier, la pince, trikonasana, Janu sirsasana, retour à Tadasana entre chacune, le maitre parle beaucoup (trop?) et voilà. Mais mon dieu que ça fait du bien de bouger !
Les postures sont tenues de longues minutes mais ça va, on a l’habitude d’attendre sans bouger ! Le yoga est vraiment tourné autour des bienfaits énergétiques et de l’activation des chakras (tout à fait ma came si vous me connaissez :D) Mais pas de problème, j’écoute, j’intègre et j’essaye de m’ouvrir à l’énergie lunaire quand j’étire mon flanc gauche dans trikonasana (normalement vous sentez le sarcasme dans mon écriture :D)
J’en aurais aimé plus, j’aurais préféré une heure de yoga supplémentaire par jour et un peu moins de conférences. Ca commence sérieusement à ressembler à une mini formation.
Après le déjeuner nous sommes allées marcher, 1 heure, nous avons visité la petite chapelle qui m’a donné beaucoup d’émotion. Une heure, un marathon pour moi, à une vitesse de 3km/h (désolée Clémence) et c’était trop.
Les méditations de l’après-midi vont donc être orientée autour des 3 pointeurs (explicités dans mon article précédent) , on ne nous guide quasiment plus, c’est nous avec nous-même et c’est long. Très très très long, surtout pendant 2h30. Sur la deuxième partie j’ai les yeux ouverts la plupart du temps et essaye tant bien que mal de ne pas déranger mes voisines avec les mouvements qui soulagent à peu près la douleur qui me donne envie de pleurer. Tiens, d’ailleurs, je n’ai pas pleuré depuis qu’on est arrivées. Étrange.
10h assise et 1h de marche vallonée, mon corps n’a pas supporté. Je me sens très fatiguée et j’ai énormément de contractions. J’ai à nouveau ce brouillard mental que j’étais pourtant venue éclaircir. Le plus dur, c’est de rester assise par terre aussi longtemps. Et pourtant, j’ai un corps de Yogi, je forme moi aussi assise pendant des heures mais là je n’en peux plus.
Le temps de questions réponses du soir me surprend. Beaucoup de personnes posent des questions personnelles sur la gestion de leur souffrance (toujours via un petit papier que le maitre lit à haute voix), attendent qu’on leur donne des techniques de pardon envers des êtres qui leur ont fait du mal. Bon nombre a le cœur brisé. Le maitre répond, ses réponses me conviennent, il reste ouvert, apporte de la nuance. C’est assez rare dans certains milieux fermés du yoga où on ne donne qu’une interprétation des textes et où on distribue des « c’est comme ça » à tout va.
Cela m’a fait penser au curé du village qu’on allait trouver jadis pour se confier et essayer d’aller mieux à travers les enseignements de Dieu.
Mais tout de même, cela m’interroge. Je n’aurais pas pensé aller me mettre dans de telle conditions si je n’étais pas armée psychologiquement. Le silence pour trouver des réponses pourquoi pas, mais là, les conditions de la retraite sont très strictes, le planning est rempli, je ne vois pas beaucoup de place à la guérison. La solitude c’est bien, mais j’imagine qu’il y a beaucoup de « décompensation » et qu’on peut facilement aller encore plus mal lorsque l’on est plongé constamment à l’intérieur de soi-même, dans l’immobilité la plus totale.
« À travers le cœur et le silence, on entre en contact avec la nature »

La conférence du soir porte du Spanda, la vibration universelle.
On apprend à nouveau que la cause primaire de la douleur est ce qu’il se passe à l’intérieur de moi, qu’il faut observer son drame intérieur avec présence (ah alors ce ne sont pas les hormones de grossesse ?)
Pour répondre à la question « qui suis-je ? » j’essaye de trouver en moi quelque chose qui n’a pas changé depuis ma naissance. Comme si j’avais eu plusieurs vies, que j’avais écrit 5 autobiographies mais qu’il y avait toujours une page blanche dans chaque histoire, quelque chose qui n’aurait jamais changé quelle que soit la vie vécue.
On nous explique que quand on est satisfait à l’extérieur (maison, argent, possessions, carrière) on arrête la recherche interne, et c’est à nouveau la course folle au « toujours plus ». On cherche souvent le bonheur au mauvais endroit. Il faut s’éveiller du voile de la pensée.
Mais je n’en peux plus, je dois quitter la salle, les contractions sont trop vives, rapprochées et deviennent douloureuses.
Je sors je me brosse les dents et m’assois sur ma balle de pilâtes (qui m’a d’ailleurs sauvée la vie) pour essayer de souffler, sans me faire 1000 scénarios dans ma tête.
Je me demande si Maxime a son téléphone, il devait sortir, mais tout était prêt au besoin, nous avions un plan et Clémence et moi avions fait les sacs de maternité avant de partir.
Je n’en peux plus je m’allonge, les contractions s’arrêtent. Je crois que le repos était aujourd’hui plus important que la recherche de l’éveil.
Je m’endors instantanément, comme une masse, jusqu’au Gong de 6h30
Au programme de l’article de demain : je vous dévoile enfin si nous avons tenu le coup et les enseignements que j’en retire.